Revue et Gazette Musicale de Paris, vol. 17, no. 5 (Paris, 3 February, 1850), p. 36.
[English translation below]

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Une de ces soirées dans lesquelles se déployent toutes les splendeurs artistiques, a été donnée la semaine dernière par M. Erard, dans ses salons. Le but de cette brillante réunion de jolies femmes et de virtuoses était de faire entendre à l’élite artistique de Paris un jeune Allemand, M. Joachim, violoniste au jeu large et puissant, qui possède on ne peut mieux le style rétrospectif des grands maîtres. Dire qu’il joue avec clarté, sans confusion, sans écorcher la corde, en rendant perceptible pour les oreilles exercées à ce genre de musique, chaque note, chaque entrée du sujet et chaque stretto d’une fugue à deux, trois et même quatre parties, pour un violon seul, par Sébastien Bach, c’est annoncer un talent sérieux, consciencieux, comme il nous en vient souvent de l’harmonieuse Germanie. Du reste, les vrais amateurs vont bientôt être à même de juger ce jeune artiste au style sévère et pur, car il va se faire entendre en public au premier concert donné par la nouvelle Société philharmonique, qui doit donner sa première séance dans la salle Sainte-Cécile, le mardi 19 février. Après le trio en si bémol majeur de Bethowen, exécuté par MM. Rosenhain, Joachim et Cossmann avec une profonde et poétique intelligence du maître; le dernier a dit d’une manière expressive sur le violoncelle une de ces mélodies de Schubert destinées à faire rêver d’amour, de tristesse ou de religion les générations futures. […]

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One of those evenings in which all artistic splendors unfold was given last week by Mr. Erard in his salons. The purpose of this brilliant gathering of beautiful women and virtuosos was to present to the artistic elite of Paris a young German, Mr. Joachim, a violinist with a broad and powerful playing style, who possesses the retrospective style of the great masters in the most exquisite manner. To say that he plays with clarity, without confusion, without scratching the strings, making every note, every subject entry, and every stretto of a fugue with two, three, and even four parts perceptible to ears accustomed to this genre of music, is to announce a serious and conscientious talent, as often comes to us from “l’harmonieuse Germanie.” Furthermore, true enthusiasts will soon have the opportunity to judge this young artist with a severe and pure style, as he will perform in public at the first concert given by the new Philharmonic Society, which is scheduled for its inaugural session in the Sainte-Cécile hall on Tuesday, February 19. After the trio in B-flat major by Beethoven, performed by Messrs. Rosenhain, Joachim, and Cossmann with a profound and poetic understanding of the master, the latter expressively played on the cello one of those melodies by Schubert intended to make future generations dream of love, sadness, or religion. […]